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Science et Radiesthésie

 

Science et radiesthésie : les détracteurs.

"J'adore la science, et ça me chagrine que tant de gens soient terrifiés par cette discipline, ou pensent que choisir la science signifie que l'on ne puisse pas également choisir la compassion, les arts ou l'émerveillement face à la nature. La science n'a pas pour but de nous vacciner contre le mystère, mais au contraire de le réinventer, de le revigorer." Robert Sapolsky.

Face à l'essor exponentiel et incontournable du « New Age », de l'irrationnel, de « sciences » et médecines parallèles innombrables, au fleurissement de gourous, sorciers, magiciens, voyants, thérapeutes et psychothérapeutes de tout acabit, certains scientifiques reconnus mènent une croisade, avec comme mots d'ordre gravé sur leurs blasons : « doute, scepticisme, curiosité et science ». C'est la raison d'être, notamment, du laboratoire de « zététique » à l'université de Nice-Sophia-Antipolis.

Cette action est très louable et profitable en soi, puisqu'elle apporte un éclairage différent, et surtout une mise en garde contre les risques et les excès de certaines pratiques ou dépendances « ésotériques » (les « new-agers » confondant trop souvent ignorance et liberté de conscience).

Mais peut-on encore parler d'attitude « scientifique » lorsque cette démarche se résume, dans certains domaines, à dénigrer superficiellement, sans approfondissement, juste histoire de « casser » systématiquement du merveilleux ? Que dire lorsque la curiosité cède la place à la négligence et à l'ignorance, valeurs qu'on était justement censé combattre ? Et puis le doute, s'il est normalement nécessaire et salvateur, ne risque-t-il pas de se transformer en obstacle, en œillère occultante, lorsqu'il devient excessif et exclusif ? Je ne pense pas que les gens qui ont fait progresser la science au cours de l'histoire pratiquaient le doute compulsif !...

Intéressons nous, par exemple, au best-seller « Devenez sorciers, devenez savants », ouvrage consacré à la lutte contre les « marchands d'illusions », et plus particulièrement au chapitre concernant la radiesthésie. Décortiquons la démonstration, ou plutôt l'argumentation « scientifique ».

Le ton est donné par le titre : « Nihil novi sub sole » (« Rien de neuf sous le soleil »), où les auteurs emploient le latin, histoire d'étaler la confiture d'une érudition hors sujet pour dissimuler le gros de la tartine du sens : une connaissance de seconde main dans un domaine où seule une expérimentation personnelle est susceptible d'apporter des réponses.

S'ensuit un petit couplet pathétique sur l'absence de radiesthésistes en quête de mines antipersonnelles « dans les pays durement touchés par de longues guerres ». Je m'abstiendrai de tout commentaire, signalant simplement l'absence probable de zététiciens munis d'appareils de détection physiques dans ces mêmes pays.

La première partie de l'argumentation du livre est surprenante, et mène à s'interroger sur les motivations de personnes qui pourtant dénoncent « le manque de travail, le manque de rigueur, l'incompétence ou l'avidité médiatique ». En effet, je n'ose imaginer que d'aussi éminents scientifiques aient pu être aussi négligents.

Voyons de plus près :

Dans un premier temps, on assimile « sourciers » et « radiesthésistes », alors que la « sourcellerie » ne constitue qu'un des nombreux domaines d'application de la radiesthésie. Est-il très « scientifique » de partir d'un cas très particulier pour le généraliser sans complexe à un ensemble ?

Peu importe, le pire est à venir.

L'argumentation première concerne les sourciers qui déterminent au nombre de tours du pendule la profondeur de l'eau : Pourquoi 12 tours du pendule correspondraient-ils à 12 mètres, plutôt qu'à 12 pieds pour un anglo-saxon ou 12 li pour un chinois ? Et on en profite pour digresser sur les notions de grandeur - dimension - unité, pour s'interroger sur l'influence de la distance sur l'intensité d'action, le tout artistiquement mêlé de pointes d'ironie (style de prédilection des auteurs)...

Et bien, Messieurs les « zététiques », ceci témoigne d'une ignorance flagrante du BA-BA de la radiesthésie : une des notions de base que découvre le néophyte en la matière est celle de « convention » personnelle préalable à toute expérience, qui consiste à déterminer précisément ce qu'on cherche, et à associer la réaction du pendule à un élément de réponse (« vrai », « faux », une unité...). Dans le cas présent, notre sourcier a convenu au préalable d'associer un tour de pendule à un métre. Il aurait pu le faire en dm (pour affiner) ou en pieds (si c'est sa culture) . Le nombre de tours obtenus aurait été différent, de la même façon qu'on peut, en physique, mesurer la même dimension (longueur) avec des unités différentes. Unités qui, d'ailleurs, ont, elles aussi, été définies conventionnellement au départ.

C'est ensuite qu'interviennent les connaissances de « deuxième main », puisque nos amis zététiques (ou zététiciens, peu importe, j'aime bien le mot), par manque de...(?), s'en remettent, les yeux fermés, aux expérimentations d'Eugène Chevreul (1786 - 1889) sur le pendule « explorateur », s'appropriant ses conclusions ( publiées en 1833 ) qui « démystifient le phénomène ». De quoi s'agit-il ?

Chevreul, chimiste de son état, a le mérite, lui, d'avoir expérimenté personnellement le sujet dont il parle !
1) Il démontre, dans un premier temps, l'existence « d'un mouvement musculaire qui, à son insu, déterminait le phénomène, et fit sortir le pendule de l'état de repos ».

Il s'agit là d'un scoop exceptionnel ! En effet, la plupart des manuels d'initiation à la radiesthésie pas trop ésotériquement allumés nous expliquent déjà que c'est l'individu le moteur (en d'autres termes, c'est bien le radiesthésiste qui fait bouger, inconsciemment, le bidule), et que le pendule (comme la baguette) ne constitue qu'une interface pour matérialiser un ressenti, comme l'aiguille d'un instrument de détection.

2) Il met ensuite en évidence l'influence de la vue sur l'amplification et l'entretien des oscillations du pendule, et constate enfin « une liaison intime entre l'exécution de certains mouvements et l'acte de pensée qui y est relative, quoique cette pensée ne soit point encore la volonté qui commande aux organes musculaires ».

3) « Une fois convaincu que rien d'extraordinaire n'existait dans les effets qui m'avaient causé tant de surprise..., j'ai essayé, mais toujours en vain, de les reproduire ».

Les points 2 et 3 nous rappellent simplement que nous oeuvrons dans le domaine de l' « humain », un humain soumis à une multitude d'influences (et donc de parasitages) extérieures (interactions avec lieu, observateurs + / - neutres, alimentation,...) et intérieures (forme physique, morale et, pourquoi pas, spirituelle, stress, envies, a priori, émotions, mental, croyances, vécu, confiance, imprécision de la convention...) qui constituent autant de sources d'erreurs, ainsi qu'on l'apprend aux débutants en radiesthésie. Donc, là non plus, « Nihil novi sub sole » !

En conclusion, ces expériences, si elles lèvent bien un voile sur l'explication mécanique du mouvement du pendule, n'infirment en rien la réalité de la radiesthésie. Elles zappent d'ailleurs l'étude de la phase la plus importante du phénomène, celle qui précède le mouvement du pendule : le ressenti .

C'est probablement le facteur « humain » qui déroute nos amis physiciens habitués à des expériences mécaniquement reproductibles et quantifiables. L'homme n'est pas une machine dont le fonctionnement se résume précisément à quelques équations figées !

- A suivre...-

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